La cérémonie annuelle de crépissage de la mosquée Djingaréïber, à Tombouctou, a eu lieu le dimanche 9 août 2020. Comme à l’accoutumée, elle a enregistré une participation massive de toute la communauté.
Construite en 1325 par l’empereur Kankou Moussa de son retour du pèlerinage à la Mecque, la mosquée Djingaréïber reçoit chaque année un entretien qui donne lieu à des retrouvailles voire à une ambiance de fête dans la ville des 333 saints, Tombouctou. Cette grande mosquée, construite en banco, est l’œuvre de l’architecte Andalou es Saheli, selon Sane Chirfi Alpha, vieil écrivain originaire de Tombouctou. L’entretien de cette bâtisse « incombe à toute la communauté », fait-il comprendre.
Chaque année, avant l’hivernage, sous la direction de l’imam, les maçons organisés en corporation identifient les besoins que l’imam communique aux fidèles, nous explique M. Chirfi Alpha. Généralement, la date choisie tombe sur un dimanche afin de permettre une grande participation à ladite cérémonie.
Conscientes qu’il s’agit d’une activité permettre d’assurer la santé de l’édifice, de bonnes volontés riches, souvent dans l’anonymat, fournissent du banco, des pierres alhor, des rôniers, des gaulettes, des gouttières, en un mot tout ce qui manque pour ce travail d’entretien de ce joyau culturel, indique notre source.
Les travaux commencent une semaine en avance à travers le gâchage du banco. « Le jour fixé, toute la population participe en tant que main-d’œuvre sous la direction des maçons », souligne le vieil écrivain, dévoué à la défense des patrimoines matériels et immatériels de Tombouctou. À l’en croire, les jeunes filles apportent de l’eau, les musiciens accompagnent les travailleurs avec le son des tambours, de même qu’un groupe de femmes avec tam-tam et tambourin.
Toutefois, notre source nous indique que tous ceux qui participent à ce travail le font par bénévolat. Car il n’y a aucun salaire. « C’est le bénévolat des esclaves de Dieu pour la maison de Dieu », déclare M. Sane Chirfi.
Néanmoins, notons que ce travail est ancré dans la culture tombouctienne. Pour la réalisation de ladite activité, il y a des rites : les femmes de maçons apportent des colas, du tabac et des cigarettes, de la crème de mil à la poudre de baobab ainsi que de somptueux repas qui sont offerts aux travailleurs. Pratiquement, chaque partie de la mosquée à un temps de la journée prévue pour son entretien. L’après- midi est consacré au crépissage du minaret principal qui est une activité confiée à des spécialistes issus des grandes familles de maçons, nous explique le défenseur de la culture Tombouctienne. Ce travail est accompli au rythme des tam-tam.
Notons que pour l’entretien de cette année, les Forces armées maliennes (FAMA) y ont pris part. « Les militaires et les paramilitaires du théâtre centre de l’opération Maliko ont pris part le 9 août 2020 à la traditionnelle opération de crépissage de la grande mosquée de la ville des 333 saints », rapportent les FAMA sur leur site internet. Le colonel Boubacar Yassanry Sanogoh, chef secteur-3, était présent à cette activité. Ses éléments ont pris part aux travaux en aidant les populations. Ils assuraient la sécurité et le ravitaillement des populations en eau avec des citernes. La protection civile a également déployé ses citernes d’eau, précisent les FAMA.
À en croire M. Chirfi Alpha, la cérémonie est clôturée par une grande prière réunissant la population, les imams, notables et l’administration.
M. Sane Chirfi Alpha a profité de notre micro pour remercier tous les participants, formuler des prières pour la ville, le pays, le retour de la paix, de l’apaisement social. « Il faut dire que l’entretien est continuel et des travaux spécialisés sont toujours entrepris », a-t-il fait savoir avant d’indiquer que le site étant classé parmi les patrimoines mondiaux, l’UNESCO intervient et veille à la préservation du bâtiment par des appuis, la formation et l’encadrement des maçons.
Fousseni Togola
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